Quels emballages alimentaires pour demain ?

Les matériaux plastiques sont constitués d’une multitude de résines rendant leur collecte et leur traitement particulièrement complexes à réaliser. Ainsi, si aujourd’hui, environ 70 % des emballages ménagers sont recyclés, seuls 28 % des emballages ménagers plastiques le sont. De surcroît, ce taux de recyclage présente de fortes disparités selon les catégories de résines de plastiques concernées : 60 % des bouteilles et flacons en plastiques sont recyclés quand seuls 10 % des autres catégories le sont. Depuis plusieurs années, les réglementations en matière d'emballages agroalimentaires ont évolué afin de mieux protéger l'environnement et la santé des consommateurs.  L’industrie de l'emballage a donc dû s'adapter pour répondre aux normes de plus en plus strictes, tout en innovant pour améliorer la recyclabilité des emballages et réduire leur impact environnemental.

Les réglementations en matière d'emballage

Les réglementations varient selon les pays, mais la plupart ont tendance à se durcir pour répondre aux préoccupations environnementales et sanitaires . En Europe, la Directive cadre sur les déchets (2008/98/CE) énonce les principes fondamentaux de la réglementation en matière de déchets. Elle encourage la réduction des déchets à la source, le recyclage et la valorisation énergétique, tout en réduisant l'enfouissement des déchets. L'Union européenne a également adopté une directive sur les emballages et les déchets d'emballages (94/62/CE), mise à jour en 2018, qui  énonce des objectifs de recyclage et établit des critères de recyclabilité pour les emballages. Elle a également publié en décembre dernier son projet de refonte qui vise notamment à réduire le suremballage, rendre tous les emballages recyclables d’ici 2030 et renforcer l’utilisation des matières recyclées. Beaucoup d’évolutions et de travail en perspective donc dans cette filière pour répondre à l’augmentation des contraintes et proposer des solutions adaptées, notamment pour le secteur alimentaire.

Les innovations en matière d'emballages agroalimentaires

La part du plastique dans les emballages alimentaires dépassant les 90%, la filière agroalimentaire est donc fortement impactée par ces évolutions de la réglementation, tant pour la réduction du volume de déchets que pour la sécurité sanitaire du consommateur.  De nombreuses pistes et innovations ont été développées ces dernières années et prennent chaque jour un peu plus leur place dans les rayons:

La première évolution est sans doute le retour en force du vrac. Tant dans les épiceries de quartier que dans les grandes surfaces, le vrac a fait son retour et gagné du terrain ces dernières années.  De nombreuses industries alimentaires ont ainsi fait évoluer leur packaging pour accéder à ce marché, les plus engagées allant même jusqu’à utiliser des contenants consignés pour fournir les magasins.

Dans ces évolutions, le papier et le carton ont également fait valoir leur potentiel écologique avec leurs filières de recyclage déjà bien maîtrisées. Ils remplacent déjà beaucoup d’emballages et de sur-emballages précédemment en plastique. C’est le cas notamment des emballages à anneaux des packs de canette désormais remplacés par du carton. La même évolution devrait bientôt suivre pour les packs de lait et d’eau.

En parallèle, des filières de consigne, disparues en France dans les années 80, commencent à se restructurer, notamment pour les bouteilles de bière et de vin. Des réseaux de producteurs s’organisent localement pour acquérir les machines nécessaires et faire changer les habitudes des consommateurs. Dans la même logique, le gouvernement réfléchit à la mise en place de consigne pour les bouteilles en plastique type eau ou soda comme en Allemagne. Le débat a été lancé en janvier avec les quelque 70 parties prenantes et la décision devrait être prise en juin.

Certaines compagnies vont encore plus loin dans l’innovation, testant de nouveaux matériaux qui seront peut-être demain dans nos frigos. Ainsi, de plus en plus de matériaux sont développés pour suppléer au plastique, à base de cellulose, d’amidon ou encore d’algue. Ils sont biodégradables, et parfois même comestibles ! 

Bien connus de tous, les sacs produits à partir d’amidon ont déjà remplacé en grande partie les sacs plastiques fins dans les rayons. Dans la même logique, on peut trouver par exemple la bulle comestible Ooho qui contient des liquides sans l’aide de plastique et peut être directement mangée, ou bien des revêtements pour rendre les boîtes à repas en carton résistantes à la graisse et aux liquides. De même, de grands noms de l’industrie de la boisson ont créé un consortium pour développer la bouteille en papier Pulpex. Et le groupe Suisse Migros a lancé en 2022 les dosettes de café sans emballage. 

La recherche dans ce domaine est donc en marche et devrait proposer au fil des années à venir de plus en plus de solutions accessibles aux industriels de l’agroalimentaire.

Sources :
www.usinenouvelle.com ; www.agro-media.fr ; www.lemballageecologique.com ; www.lepoint.fr